lundi 15 janvier 2007

L'intégration régionale pas à pas

Extraits d’une interview de Julien Radanoara qui présente sa vision de la stratégie de Madagascar en matière intégration régionale.

Julien Radanoara, ancien ministre malgache de la Fonction publique et professeur de droit international économique analyse les obstacles et les avantages de l'intégration régionale pour Madagascar. Il suggère une approche prudente pour s'ancrer dans les immenses marchés du Comesa et de la SADC.

SYFIA International : Madagascar fait partie de la zone de libre échange du Comesa (Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe) depuis 2000 et est membre de la SADC (Communauté de Développement de l'Afrique Australe) depuis 2005. L'intégration régionale est-elle inévitable pour notre pays
Julien Radanoara : Oui et non à la fois. Oui, car des bailleurs de fonds comme l'Union européenne conditionnent l'aide à la mise en place de structures régionales. L'intégration régionale est un des éléments clés de l'Accord de Cotonou. Les APE (Accords de partenariat économique) prévoient la mise en place de zones de libre échange à partir de 2008 entre l'UE et les regroupements régionaux dans les pays ACP. Six régions ont déjà négocié et doivent commencer à mettre en place ces zones de libre échange, dont le Comesa et la SADC.

Quels sont les points forts et les points faibles de ces appartenances ?
Nous avons une large gamme de produits commercialisables auprès des pays voisins. Nous pouvons exporter des fruits et légumes (d'une valeur de 20 millions de dollars par an), des fruits de mer (10 millions de dollars), d'autres produits agricoles et du textile. Si nous pouvons bien sûr satisfaire aux normes de qualité exigées par les consommateurs des pays voisins.
Nos points faibles : les opérateurs malgaches ne sont pas encore préparés à affronter la concurrence. La plupart sont timorés et ignorent même l'existence de ces vastes marchés régionaux de 200 à 300 millions d'habitants. Leurs produits manufacturés ne sont pas non plus aux normes.

Quelles seraient, selon vous, les stratégies à adopter pour mieux intégrer ces marchés ?
Il faut d'abord bien préparer les opérateurs locaux aux modes de production exigés par la modernisation, en adoptant les normes et la qualité des produits attendues par nos clients. Madagascar devrait se donner 5 ans pour cela. Nous devons suspendre temporairement notre adhésion à ces instances comme l'ont fait certains pays. Suspension ne veut pas dire retrait, mais il faut prendre un certain recul pour mieux rebondir.
Actuellement, au sein du Comesa, nous en sommes au stade de la zone de libre échange du Comesa. En 2010, Madagascar est censé s'impliquer dans le marché commun et aux stades suivants à l'union monétaire, économique et commerciale. Soulignons que notre pays ne représente que 1% des échanges intra-Comesa contre 3% pour l'île Maurice et 40 à 50% pour l'Egypte.

La double appartenance au Comesa et à la SADC est-elle souhaitable ?
Non, à la longue, nous serons amenés à choisir entre les deux. Plus logiquement, il faut fusionner les deux organismes car les membres de ces structures sont sensiblement les mêmes. Finalement, l'adhésion à ces deux structures est une perte de temps et d'argent.
Entre Comesa et SADC
Tôt ou tard Madagascar devra choisir entre ces deux structures régionales. Le président malgache ne cache pas sa préférence pour la SADC. C'est d'ailleurs sous son premier mandat que la Grande Île est devenue membre à part entière de cette instance régionale. Marc Ravalomanana souhaite dynamiser les relations avec les pays membres notamment l'Afrique du Sud.
Syfia international, 12 janvier 2007

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